Vous souhaitez acquérir « Le Petit Prince ». Vous vous dites qu’un tel texte présente un intérêt à être détenu dans sa publication originale : on renoue ainsi matériellement et symboliquement avec le contexte d’origine. Un texte qui a eu une pareille destinée – laquelle court toujours d’ailleurs – va porter sa légende au travers de son habillage premier, celui qu’a connu l’auteur.
Vous allez tenter votre chance chez un bouquiniste ou chez un libraire ?
Il s’agit de trouver, on vient de le voir, un livre d’occasion, mais qui n’est pas un livre ancien dans l’idée qu’on s’en fait …
Alors, bouquiniste ou libraire ?
Le Dictionnaire de l’Académie française donne les définitions suivantes :
Bouquiniste : Personne qui fait le commerce des livres d’occasion. Courir les bouquinistes à la recherche d’un livre épuisé, d’une édition rare.
Libraire : Personne qui fait le commerce des livres. La boutique, l’étalage d’un libraire. Commander un livre chez le libraire.
La différence est dans la nuance ! Le bouquiniste ne fera que de l’occasion tandis que le libraire fera commerce de tout livre. Dans les faits, si c’est vrai pour le premier, il est plus courant pour le second de faire dans le livre neuf et récent.
Alors ? « Ça dépend de l’âge du capitaine » ?
C’est presque ça !
Ca dépend de la vocation que le professionnel se donne et donne à voir à ses clients.
Avec bien des réserves, on pourra tout de même éclairer un peu le sujet avec la définition du mot bouquin, dont l’appellation « bouquiniste est dérivée :
L’Académie française classe l’usage de ce mot dans le langage familier « Vieux livre. Par extension. Livre en général. Il a toujours le nez fourré dans ses bouquins. Je crois qu’il écrit un bouquin. »
Et avec son étymologie donnée par Jean Dubois, Henri Mitterrand et Albert Dauzat dans leur Dictionnaire étymologique et historique du français et trouvée chez Milet en 1459 : « vieux livre, petit livre » en tant que diminutif du néerlandais « bock » - livre.
Petite parenthèse anecdotique :
L’Académie française, dans son Dictionnaire, ne place le sens qui nous intéresse qu’en troisième position derrière ces deux définitions :
1- Vieux bouc. L’odeur repoussante du bouquin. Sentir le bouquin, avoir l’odeur d’un vieux bouc. Par analogie. Rare. Lièvre ou lapin mâle.
2- Embouchure fixée sur une sorte de trompe faite d’une corne évidée. Cornet à bouquin. Par extension. L’instrument lui-même. Par analogie. Se dit de la partie d’une pipe qui est adaptée au tuyau, et que le fumeur porte à la bouche. Un bouquin d’ambre, d’ivoire.
En conclusion, il faut regarder l’enseigne du magasin. Il ne manquera pas de se distinguer s’il propose plus que du neuf et du récent. C’est-à-dire qu’un libraire pourra proposer des livres anciens et neufs alors qu’un bouquiniste… ne vendra pas de livre neuf ! Et il ne faut pas non plus hésiter à pousser la porte !